Le vendredi 6 septembre 2024 fut pour Yeleu, dans le département de Zouan-hounien, le jour noir qui restera longtemps gravé dans les mémoires collectives. Déjà au petit matin, la nouvelle avait suffisamment fait sa ronde pour alerter le maximum de personnes. « Le sous-préfet a vendu notre arbre sacré» ou encore «La Thanry est venue abattre notre bois sacré», disait-on dans la mêlée.
Aux environs de 5 heures du matin, les femmes se mobilisent et la troupe vient rejoindre 3 agents de la Thanry, tronçonneuse en mains, au pied de l’arbre sacré. Rapidement, les femmes remontées, se déshabillent, laissant seulement des dessous et criant leur colère : « Marchez sur nos corps avant de toucher à l’arbre ! ».
Hommes et jeunes viennent grossir les rangs des femmes. Les témoins sur scène, révèlent que l’arrivée de deux gendarmes sur les lieux, n’a pu dissuader la foule qui tenait à en découdre avec les abatteurs de bois de la Thanry. Le sous-préfet, Mahan Jean Hypolithe, convie les frondeurs à des échanges chez lui.
M. Douagui Julien, adjoint au chef de terre, s’y mêle. Il dit protester vigoureusement contre l’idée d’abattre l’arbre sacré qui est l’âme du village Yeleu. Accusé d’être l’instigateur d’un tel acte mettant à mal les principes du sacré de l’Afrique ancestrale, le sous-préfet dément toute participation de sa personne à ce projet.
Le Chef résident de Yeleu, Kanean Jean, lui emboîte le pas. Qui a alors ordonné l’abattage du bois sacré de Yeleu ? Tous les regards se tournent vers les agents de Thanry venus faire tomber l’arbre. Ceux-ci révèlent avoir eu l’aval du chef résident. Le flou demeure. La foule, elle, est toute emportée par l’hystérie.
Le projet de désacraliser les us et coutumes à Yeleu, s’est finalement estompé devant la furie des braves femmes, pionnières d’une révolte…La première du genre. Le calme est revenu dans le village. Et l’arbre sacré peut encore respirer et vivre en paix ses derniers jours.
Une correspondance de Sony WAGONDA
