Israël a lancé mercredi (28) une opération militaire de grande envergure dans le nord de la Cisjordanie occupée, où l’armée affirme avoir “éliminé” neuf combattants palestiniens dans le contexte de la guerre qui se poursuit à Gaza depuis près de onze mois.
Les forces israéliennes ont “éliminé neuf terroristes armés” à Jénine, Tubas et Tulkarem, dont sept lors de frappes aériennes, a annoncé l’armée dans un communiqué. Le Croissant-Rouge palestinien a fait état de « 10 morts et 15 blessés » dans ces attaques.
À Gaza, les bombardements aériens, maritimes et terrestres israéliens ont été ininterrompus depuis l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre. Mais en Cisjordanie, les opérations coordonnées par des troupes au sol appuyées par des avions opérant dans plusieurs villes en même temps sont rares.
Cependant, un porte-parole de l’armée israélienne a minimisé l’importance de l’opération, indiquant qu’elle n’était pas « extrêmement différente [de la normale] ou spéciale ».
Selon l’agence officielle palestinienne Wafa, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a interrompu une visite officielle en Arabie saoudite pour revenir et “suivre l’évolution de l’agression israélienne dans le nord de la Cisjordanie”.
Durant la nuit, des colonnes de blindés israéliens sont entrées dans deux camps de réfugiés, à Tulkarem et Tubas, ainsi que dans la ville de Jénine.
A midi, ils ont bloqué les entrées des villes et des champs, comme l’ont constaté les photographes de l’AFP, les soldats tirant à intervalles réguliers dans les champs d’où provenaient les bruits de coups de feu et d’explosions.
Dans les rues, des bulldozers israéliens ont détruit les pavés, l’armée affirmant avoir déterré des bombes posées au bord de la route.
Les incursions israéliennes dans les zones autonomes palestiniennes sont quotidiennes en Cisjordanie, même si selon les (obsolètes) accords de paix israélo-palestiniens d’Oslo, l’armée israélienne ne doit pas pénétrer dans ces zones sous le contrôle exclusif de la sécurité préventive de l’Autorité palestinienne.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamique palestinien contre Israël le 7 octobre, les violences en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, se sont considérablement accrues.
Plus de 600 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne ou par des colons juifs, selon les données officielles palestiniennes, et au moins 20 Israéliens, dont des soldats, sont morts dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations militaires dans les zones autonomes palestiniennes, selon les données officielles israéliennes.
Frappes aériennes
Ces dernières semaines, les opérations israéliennes en Cisjordanie se sont concentrées sur le nord de ce territoire, où les groupes armés combattant Israël ont été particulièrement actifs bien avant le début de la guerre à Gaza.
L’armée veut “démanteler l’infrastructure terroriste islamo-iranienne” en Cisjordanie, a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz sur X (anciennement Twitter), l’appelant à agir en Cisjordanie “avec la même détermination qu’à Gaza, avec évacuations temporaires de Palestiniens. »
“C’est une guerre et nous devons la gagner”, a-t-il ajouté. Katz a accusé la République islamique d’Iran de vouloir “établir un front terroriste” en Cisjordanie, “sur le modèle de Gaza et du Liban”, où le Hezbollah, allié de Téhéran, tire presque quotidiennement des roquettes sur Israël depuis le 8 octobre.
L’armée israélienne a annoncé avoir “éliminé” lundi soir cinq combattants palestiniens lors d’une frappe aérienne sur le camp de réfugiés de Nour Chams à Tulkarem.
L’un d’eux, Jibril Jibril, “impliqué dans des activités terroristes (…) avait été libéré en novembre dans le cadre de l’accord” d’échange d’otages kidnappés le 7 octobre et emmenés à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël, a rapporté l’armée. Selon Wafa, deux des cinq tués lundi étaient des mineurs.
“Annexer la Cisjordanie”
Le Jihad islamique, mouvement islamique palestinien allié au Hamas, a dénoncé une « guerre ouverte de l’occupant » israélienne.
“Avec cette agression qui vise à transférer le poids du conflit sur la Cisjordanie occupée, l’occupant veut imposer une nouvelle situation sur le terrain pour annexer la Cisjordanie”, a-t-il accusé.
De son côté, le Hamas, dont la popularité a augmenté en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza tandis que celle du Fatah, le parti d’Abbas, a chuté, a de nouveau appelé mardi soir les trois millions de Palestiniens de Cisjordanie à « se révolter ». ” contre l’occupation israélienne.
Dans la bande de Gaza, la Défense civile a fait état d’au moins 12 morts, dont au moins un enfant et une femme, lors de nouvelles attaques israéliennes dans le centre et le sud.
Les familles désespérées continuent de se déplacer alors que les ordres d’évacuation de l’armée israélienne se multiplient. L’une des dernières ordonnances concerne les abords de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa, à Deir al-Balah (centre), d’où “environ 650 patients ont fui”, a rapporté mercredi Médic.
Les pays médiateurs entre Israël et le Hamas, le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis, tentent d’obtenir un cessez-le-feu accompagné de la libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Après un récent cycle de négociations au Caire, une délégation israélienne est arrivée mercredi à Doha pour des discussions “au niveau technique” avec des médiateurs, selon une source suivant les négociations.