Deux journalistes et un opposant sénégalais interrogés pour avoir mis en doute la parole du Premier ministre ont été relâchés ce jeudi 3 octobre 2024 alors que la critique enflait contre le gouvernement devant une succession de mises en cause, ont indiqué leurs avocats.
Le journaliste Cheikh Yérim Seck et l’opposant Bougane Guèye Dany ont été entendus ces jours derniers par des enquêteurs pour avoir contesté les propos tenus la semaine passée par le Premier ministre Ousmane Sonko qui décrivait la situation des comptes publics comme « catastrophique » et accusait le précédent gouvernement d’avoir trafiqué les chiffres.
Tous les deux ont été libérés, ont dit à l’AFP leurs avocats respectifs, Mes Baboucar Cissé et Amadou Sall.
Un autre journaliste, Kader Dia, avait également été interrogé à propos de ses commentaires sur la mort de migrants au large du Sénégal et sur son appel à une enquête pour suspicion de corruption dans une branche de la police, a dit son avocat El Hadj Diouf.
Celui-ci a confirmé à l’AFP jeudi que son client avait été relâché.
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« J’ai toujours eu confiance dans la justice de mon pays », a déclaré le journaliste à la chaîne 7 TV après sa libération.
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Le gouvernement en place depuis avril après la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle fait face, de la part de l’opposition et des défenseurs des droits, à une réprobation grandissante à la suite d’une série de condamnations, placements en détention ou garde à vue, convocations.
Amnesty International et cinq autres organisations de la société civile et de défense des droits humains ont exprimé dans un communiqué leur « profonde préoccupation face aux convocations systématiques d’acteurs politiques et de journalistes, ainsi qu’aux poursuites engagées à leur encontre pour diffusion de fausses nouvelles et diffamation ».
Elles disent avoir dénombré depuis avril six cas de personnalités politiques, journalistes et militants poursuivis pour des délits d’opinion.
Ces cas « rappellent les pratiques répressives que nous avons dénoncées sous les régimes précédents » et que les dirigeants actuels et leurs sympathisants ont subies, disent-elles.
Des centaines de personnes ont été écrouées pendant trois années de contestation entre 2021 et 2024 sous la présidence Macky Sall. Les désormais président et Premier ministre ont eux-mêmes été détenus plusieurs mois. Ils ont fait vœu de mettre fin à l’instrumentalisation de la justice.
La succession récente de mises en cause « ne cadre nullement » avec cet engagement, disent les ONG.
La coalition d’opposition Takku Wallu Senegaal, autour de l’ancien parti présidentiel, a accusé les autorités de tenter de « museler l’opposition et la presse » et de « transformer notre système démocratique en système autoritaire ».
Des législatives anticipées sont prévues le 17 novembre au Sénégal.
Le gouvernement sénégalais n’avait pas répondu aux sollicitations jeudi en fin d’après-midi. La justice a par ailleurs commencé à réclamer des comptes à des responsables de l’ancien régime pour leur gestion.
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