Deux régions d’Allemagne de l’Est organisent des élections locales ce dimanche (1er). Si les sondages se confirment, l’extrême droite pourrait sortir victorieuse des élections en Saxe et en Thuringe. Le parti social-démocrate du chef du gouvernement Olaf Scholz se prépare déjà à un contexte politique complexe dans les mois à venir.
Une chose est sûre : la coalition d’Olaf Scholz n’aura pas grand-chose à célébrer ce dimanche soir. Avec environ 15% de voix attendues en Thuringe et en Saxe pour les sociaux-démocrates de la chancelière, les Verts et les libéraux réunis, on s’attend à un désastre politique pour le gouvernement. À un peu plus d’un an des élections législatives, la coalition, déjà en perte de popularité, pourrait sortir encore plus affaiblie de ce scrutin.
Si les sondages se confirment, les vainqueurs seront les forces antisystème, emmenées par l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) d’extrême droite et l’alliance Sahra Wagenknecht (BSW).
L’AfD, déjà bien implantée dans les anciennes régions de l’Allemagne de l’Est depuis sa création en 2013, cherche la victoire dans les deux pays. Selon les estimations, le parti est considéré comme vainqueur en Thuringe, avec 30% des voix et près de 10 points d’avance sur les conservateurs CDU, principal parti d’opposition.
En Saxe, la CDU devance de peu l’AfD dans les derniers sondages. Mais un nouveau venu, le parti BSW, a fait des progrès rapides dans la région. L’alliance lancée par l’ancienne égérie d’extrême gauche Sahra Wagenknecht en janvier dernier a surpris, avec une prévision de 18% des voix selon les sondages.
Avec une politique d’immigration intransigeante et un refus du programme d’aide à l’Ukraine, cette nouvelle force séduit de nombreux électeurs et pourrait bien représenter un poids important dans la formation des prochaines coalitions.
«Le parti de gauche Die Linke a perdu la confiance des électeurs de Thuringe. Nous nous adressons à ceux qui sont déçus, qui se sentent oubliés, qui ont l’impression que les problèmes des gens ordinaires sont négligés”, explique à RFI Katja Wolf, ancienne membre de Die Link et désormais à la tête du nouveau mouvement BSW en Thuringe. . La progression du nouveau parti s’est faite en grande partie aux dépens du parti de gauche, qui a gouverné la Thuringe pendant les dix dernières années.
Célèbre pour ses apparitions dans des émissions de télévision, Sahra Wagenknecht est l’atout du parti. Le parti investit dans sa popularité, comme en témoigne le nombre d’affiches à son visage dans les rues de la région.
« Ce que veut BSW n’est pas très clair, mais nous devons leur parler. C’est une évidence», estime Jonas Urbach, député chrétien-démocrate au parlement régional.
Des hommes d’affaires inquiets
Le monde des affaires s’inquiète de cette éventuelle victoire de l’extrême droite en Saxe et en Thuringe. Depuis plusieurs mois, ils n’hésitent pas à faire campagne contre les risques que fait peser l’AfD sur le pays et leurs entreprises et n’hésitent pas à se mobiliser.
C’est le cas des supermarchés Edeka en Thuringe, où une affiche demande : « Pourquoi n’avons-nous rien de bleu dans les rayons ? La publicité fait directement référence au parti d’extrême droite AfD, associé à la couleur bleue. Tout comme cette chaîne de supermarchés, des dirigeants de plusieurs entreprises et fédérations professionnelles prennent publiquement position contre le parti Alternative pour l’Allemagne et son programme.
L’une des craintes concerne l’impact sur le marché du travail. La population de l’ex-RDA est plus âgée que celle du reste du pays. Les besoins en main d’œuvre sont déjà élevés et le seront encore davantage, notamment dans les zones urbaines dynamiques. Et les hommes d’affaires affirment qu’il ne sera pas facile d’attirer les gens dans une région où l’extrême droite peut représenter 30 % des voix.
Le débat sur l’immigration et la sécurité en toile de fond
Une éventuelle victoire du parti d’extrême droite serait la première lors d’élections régionales. Dans le Brandebourg voisin, région située à la périphérie de Berlin, des élections locales sont prévues le 22 septembre et l’AfD est également en tête des sondages.
Ce résultat ne garantirait cependant pas que le parti prenne la tête du gouvernement des Länder, car les autres formations excluent toute collaboration avec l’AfD. Mais une victoire électorale confirmerait le mouvement ascendant de l’extrême droite, entrée au Bundestag (Chambre basse du Parlement allemand) en 2017, à la suite de la crise migratoire qui a amené des centaines de milliers de Syriens et d’Afghans en Allemagne.
Après avoir obtenu son meilleur résultat aux élections européennes de juin, le parti cherche désormais à capitaliser sur l’indignation suscitée par l’attentat de Solingen. La campagne électorale a été ébranlée par le triple assassinat au couteau la semaine dernière dans cette ville de l’ouest du pays, lors d’une attaque attribuée à un Syrien et revendiquée par l’organisation jihadiste Etat islamique.
Cet incident a mis au premier plan les débats sur l’immigration et la sécurité et “aura inévitablement une influence sur les élections”, selon une analyse du journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
