Alors que seuls le candidat républicain et la chaîne Fox News revendiquaient la victoire du milliardaire aux élections américaines, le président français Emmanuel Macron a été le premier dirigeant d’une puissance occidentale à féliciter le « président Donald Trump » ce mercredi (6).
« Félicitations au président Donald Trump. Prêt à travailler ensemble comme nous l’avons fait pendant quatre ans. Avec vos convictions et les miennes. Avec respect et ambition. Pour plus de paix et de prospérité », a écrit Macron sur le réseau X.
Plus tôt ce mercredi, Macron s’est entretenu avec le chancelier allemand Olaf Scholz, avec qui il a convenu de « travailler pour une Europe plus unie, plus forte et plus souveraine », a déclaré le président français sur le réseau X.
« Coopérer avec les Etats et défendre nos intérêts et nos valeurs », a ajouté Macron, surtout alors que la France et l’Allemagne sont les deux principales puissances économiques de l’Union européenne.
Macron affaibli
Mais les analystes politiques constatent que le rapport de force est défavorable au président français. « Macron a une idée très claire de ce que signifie un Trump 2.0 pour l’Union européenne », a déclaré à l’AFP Mujtaba Rahman du groupe de réflexion Eurasia Group. « Et, en fait, nous avons assisté à une réaction très forte et rapide de sa part », pour donner le ton du « message public » des Européens, ajoute-t-il.
Le président français défend depuis plusieurs années la souveraineté européenne, un concept qui s’est renforcé avec la pandémie de Covid-19 en 2020 puis avec l’invasion russe de l’Ukraine.
Dans un discours à la Sorbonne Université en avril, il avait prévenu que « l’Europe pourrait mourir » sans une volonté de garantir sa sécurité, très dépendante des Etats-Unis, et de renforcer la compétitivité de son économie, menacée de perdre du terrain par rapport aux Etats-Unis. à la concurrence américaine et chinoise.
Avec la victoire de Trump, qui pourrait opter pour un désengagement rapide de Washington de l’Europe et de l’Ukraine, Macron s’estime bien placé pour assumer le leadership européen, selon les experts.
Les deux dirigeants, qui ont rompu, chacun à leur manière, avec les codes établis, en prenant le pouvoir en 2017, entretiennent une relation qui oscille entre cordialité et rivalité.
De la séduction au désenchantement
Mais cette relation n’a pas apporté beaucoup de résultats pratiques : le Français, par exemple, n’a pas pu empêcher plusieurs décisions de Trump, comme le retrait des États-Unis des accords sur le climat ou l’accord nucléaire avec l’Iran.
Avec le retour du populiste après quatre ans dans l’opposition, le président français « doit penser qu’il a une petite chance de succès », a déclaré à l’AFP un proche de Macron.
« L’offensive de charme a échoué », les relations ont fini par se dégrader lors du premier mandat de Trump et « on ne sait pas quels éléments permettraient de la reprendre », observe François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique.
Par ailleurs, « Macron n’est pas en mesure d’être pris au sérieux bilatéralement » depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, car « on ne sait pas qui gouvernera la France dans les trois semaines, trois mois ou trois ans », ajoute-t-il.
Le partenariat franco-allemand a également été freiné par les difficultés de la coalition d’Olaf Scholz. Pour François Heisbourg, « l’alignement politique des forces en Europe pour réagir au défi que représente l’Amérique de Trump ne pourrait pas être pire qu’il ne l’est aujourd’hui ».