L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a déclaré Mpox une urgence de santé publique d’importance internationale (ESPII) en août et les pays se préparent désormais à l’arrivée de la nouvelle variante de la maladie, le clade 1b. Il a été identifié en juillet en République du Congo et se propage rapidement.
Environ un million de doses du vaccin Jynneo, développé par le laboratoire danois Bavarian Nordic, devraient être envoyées prochainement pour contenir l’épidémie dans la région. Sur l’ensemble du continent africain, environ 5 000 cas ont déjà été officiellement diagnostiqués, selon les dernières estimations – 20 000 si les données considèrent les infections comme « probables ».
À ce jour, le Brésil n’a pas encore enregistré d’infections par le nouveau sous-type, mais depuis le début de l’année, plus de 800 infections par l’autre variante, le clade-2, ont été enregistrées, qui se sont propagées en 2022.
Pourquoi la nouvelle souche est-elle considérée comme plus inquiétante par l’OMS et quelle est la différence entre les deux sous-types ? RFI Brésil a évoqué la nouvelle épidémie de Mpox avec le virologue Olivier Schwartz, directeur du département de virus et d’immunologie à l’Institut Pasteur, à Paris.
Selon lui, peu de cas d’infections du sous-type clade 1b, déjà arrivés en Europe, ont été décrits par la communauté scientifique. En Suède, une personne revenant de la République du Congo a été testée positive en août. Depuis, les chercheurs du pays analysent le cas pour partager l’information au niveau européen, explique le virologue français.
« Le patient a été soigné et les échantillons ont été analysés et séquencés. Les chercheurs suédois tentent désormais d’”élargir” le virus pour pouvoir l’étudier, analyser ses caractéristiques et partager les données avec d’autres laboratoires, dont l’Institut Pasteur”, a expliqué l’expert.
En France, les autorités ont renforcé le diagnostic et préparent la campagne de vaccination. L’Institut Pasteur fait partie des quelque 200 centres prêts à administrer les doses, et pourra également réaliser le test PCR qui confirme l’infection.
Selon le scientifique, même si le système de santé français est en alerte et préparé depuis la première épidémie de Mpox en 2022, on s’attend à ce qu’il n’y ait pas d’explosion du nombre de cas, en raison de l’immunité acquise par la population.
Avant 1980, la vaccination contre la variole, un virus de la même famille que la Mpox, était obligatoire. Par ailleurs, une partie de la population considérée à l’époque à risque a été immunisée en 2022. L’un des enjeux est désormais d’établir l’efficacité du vaccin, qui contient un virus vivant atténué, c’est-à-dire affaibli, contre l’infection par le nouveau sous-type.
« Nous savons que le vaccin est efficace contre le clade 1 dans les tests sur les animaux, réalisés en laboratoire, et dans les tests cellulaires. Mais pour l’instant, l’efficacité contre le nouveau sous-type est encore inconnue. Mais, connaissant le fonctionnement du vaccin et connaissant le séquençage du virus clade 1, nous espérons que le vaccin pourra le combattre. Des études montrent une efficacité de 70 à 90 % pour réduire les infections graves après deux doses.
Clade x Variante
Quelle est la différence entre un clade et un variant ? Selon Olivier Schwartz, le clade est un groupe de virus et un variant est une « souche particulière ». Selon lui, « dans le cas de Mpox, ces groupes sont définis par analyse de séquences génomiques. Nous nous sommes rendu compte, en reconstituant l’arbre phylogénétique, c’est-à-dire l’arbre généalogique des virus qui circulaient, qu’il y avait deux branches principales : le groupe ou clade 1 et le groupe ou clade 2. Elles sont proches.
Selon le virologue de l’Institut Pasteur, il n’y a pas non plus de différences majeures entre les deux clades en termes de mortalité, même si le clade 1 est légèrement plus virulent. Le scientifique souligne qu’il est difficile de savoir dans quelle mesure les conditions sanitaires ou environnementales contribuent à l’augmentation du nombre de formes graves de la maladie.
Transmission
Le virus Mpox se transmet principalement par contact étroit et prolongé avec des personnes malades présentant des ampoules, des plaies, des éruptions cutanées, des croûtes et des liquides tels que des écoulements et du sang. Le ministère de la Santé prévient que les objets récemment contaminés peuvent également transmettre la maladie.
La charge virale présente dans la salive expulsée lorsque deux personnes parlent, par exemple, est bien inférieure. « Il y a probablement des cas, mais ce n’est peut-être pas la principale forme de transmission. Pour l’instant, nous n’avons aucune preuve. À ma connaissance, il n’existe aucune preuve que le clade 1b se transmette efficacement par la respiration”, explique le virologue.
La transmission du virus par des personnes asymptomatiques n’a pas encore été confirmée. Selon Olivier Schwartz, il est possible que des personnes vaccinées contre la variole dans le passé développent des formes extrêmement bénignes de la maladie et soient contagieuses, mais cette hypothèse doit être confirmée par des études comparatives de la charge virale.
Les patients immunodéprimés courent un plus grand risque de développer des formes graves et, dans cette situation, le diagnostic est indispensable pour éviter les complications. La prévention passe par l’isolement rapide des cas positifs. Les symptômes apparaissent entre 3 et 21 jours après la contamination et comprennent, outre des éruptions cutanées, une forte fièvre, des maux de tête et de la fatigue.
Les parents de jeunes enfants doivent veiller à ne pas confondre la maladie avec la varicelle, qui provoque l’apparition de cloques similaires. Il est donc important de réaliser le diagnostic le plus tôt possible.
Un antiviral est en cours de test
Selon le virologue français, le médicament antiviral Tecovirimat est testé contre la maladie. Des études montrent qu’il peut accélérer la guérison des blessures, mais nécessitent des investigations plus approfondies, car les premiers résultats ont été décevants.
« Nous savons que c’est une molécule antivirale qui fonctionne très bien dans les modèles animaux et dans les cultures cellulaires en laboratoire. Il est donc trop tôt pour savoir si, chez l’homme, le manque d’efficacité démontré dans l’étude est lié à d’autres paramètres. »
Parmi ces paramètres, le spécialiste de l’Institut Pasteur cite le moment de l’initiation du traitement et le compare au Paxlovid, l’un des antiviraux utilisés contre le virus Covid-19. Pour stopper l’infection et la transmission, il faut le prescrire entre deux et trois jours après la contamination.